La Cour de Versailles : un jeu d’influence poudré au vice

Chèvre Édition est une maison d’édition française basée à Saint-Nazaire, fondée par Léo Blandin. Elle se distingue par des jeux au design soigné et aux mécaniques innovantes. Parmi leurs créations notables : Saline qui plonge les joueurs dans la récolte du sel au XVIIIᵉ siècle, combinant stratégie et gestion.​ Karma Dice , la zénitude à travers des lancers de dés.​ ou encore Parasite Game un “non-jeu” qui s’intègre dans d’autres jeux pour en modifier les règles.​

Léo Blandin est un créateur français polyvalent, à la fois auteur, éditeur et designer graphique. Son parcours dans le monde ludique a débuté avec la création du jeu Dans les Cordes, un jeu de boxe anglaise pour deux joueurs, où l’objectif est d’envoyer son adversaire au tapis en gérant judicieusement son énergie. ​
Par la suite, il a développé Drones vs Goélands, un jeu de contrôle de ligne rapide opposant technologie moderne et nature, illustrant son goût pour les thématiques originales et les mécaniques dynamiques. ​
Avec La Cour de Versailles, Léo Blandin explore les intrigues et manipulations au sein de la noblesse française, offrant une expérience immersive où chaque joueur incarne une famille influente cherchant à asseoir son pouvoir. Cette diversité dans les thèmes abordés témoigne de sa volonté d’innover et de proposer des jeux aux expériences variées.​

Quand l’influence devient un art

À la fin de l’Ancien Régime, la noblesse s’agite dans les couloirs du pouvoir, cherchant à tirer profit de chaque faveur royale avant que la Révolution ne les emporte. Dans La Cour de Versailles, chaque joueur incarne une famille influente qui doit manipuler, intriguer et s’attirer les bonnes grâces des personnages les plus en vue de la cour.

C’est un jeu d’influence, de placement et de cartes, porté par une direction artistique somptueuse, et un système d’interaction directe où l’élégance n’exclut ni la perfidie, ni les coups bas. Un jeu où la réputation est aussi précieuse que fragile, et où le prestige s’achète parfois au prix d’une trahison bien sentie.

Gravir les marches du pouvoir

Incarner un jeune noble cherchant à intégrer la cour du Roi Louis XIV en constituant un cercle de neuf personnages influents. L’objectif est d’accumuler le plus de points d’influence à la fin des neuf tours de jeu.​

Les étapes d’un tour :

Choix simultané : Chaque joueur sélectionne une carte Personnage de sa main et la place face cachée devant lui.​
Révélation : Une fois que tous les joueurs ont choisi, les cartes sont révélées simultanément.
Placement dans le Cercle : Chaque joueur intègre la carte révélée dans son Cercle, en respectant une disposition de 3×3.​

Activation des effets : Si la carte possède un effet immédiat, le joueur peut l’activer. En cas de plusieurs effets, l’ordre est déterminé par le numéro d’initiative indiqué sur chaque carte.​

Passage des cartes : Les joueurs passent les cartes restantes de leur main à leur voisin de gauche, préparant ainsi le tour suivant.​

Aux tours 3, 6 et 9

une phase spéciale a lieu :​
Attribution : Le joueur possédant le plus de Cachets de cire demandés par la carte Compte-tour en cours peut échanger une de ses cartes Personnage contre la Grande Figure correspondante. En cas d’égalité, le 7ᵉ Cachet de cire sert de départage.​

Fin de la partie et décompte des points

Après le 9ᵉ tour, chaque joueur a complété son Cercle de neuf cartes. Le décompte final s’effectue ainsi :​

Calcul de l’Influence : Additionnez l’Influence de base de chaque carte Personnage de votre Cercle.​
Bonus/Malus : Appliquez les effets spécifiques des cartes qui modifient le score d’Influence.​
Suprématie militaire : Le joueur avec le plus de Cachets de cire rouges gagne 7 points d’Influence, celui avec le moins en perd 7. En cas d’égalité, les joueurs concernés gagnent ou perdent 3 points.​

Le joueur totalisant le plus d’Influence remporte la partie. En cas d’égalité, le joueur ayant le numéro d’initiative le plus bas l’emporte.

À première vue, La Cour de Versailles séduit par son élégance visuelle. Le thème est soigné, l’esthétique impeccable, et l’univers XVIIIe siècle posé avec raffinement. Mais sous cette surface poudrée, se cache un vrai jeu d’influence, exigeant et subtil. Les premiers tours peuvent déconcerter : il faut lire beaucoup, anticiper les effets des cartes, comprendre les synergies. C’est un jeu qui ne se livre pas immédiatement, et la première partie a des allures d’apprentissage.

Mais une fois la mécanique assimilée, le plaisir stratégique s’installe. On compose son cercle, on calcule ses majorités, on joue avec les effets croisés. L’interaction est là, discrète mais constante. Rien de brutal, mais une tension douce et continue, faite de soupçons, d’opportunisme et d’observation attentive.

Le rythme est maîtrisé, la structure claire, et les trois apparitions des Grandes Figures ajoutent une dynamique bienvenue. Ce n’est pas un jeu spectaculaire, mais un jeu élégant, retors, où la finesse prime. Il ne plaira pas à tout le monde, mais pour ceux qui aiment les jeux où l’on manipule sans bruit, il vaut largement le détour.

À Versailles, mieux vaut lire les cartes que perdre la tête.

La Cour de Versailles