de Bruno Faidutti chez Descartes
Pour 3 à 6 homos sapiens de 12 ans pour 120 mn de prospérité !
La vallée des Mammouths raconte l’histoire des mecs qui étaient là avant l’histoire, en ce sens déjà c’est fort. À l’époque il y avait bien sûr des artistes (allez voir Lascaux II, le retour), des top modèles (Lucy in the skaï) mais la plupart des humains, à peine descendus de l’arbre, ne cherchaient qu’une chose : à bouffer !
La vallée vous propose de mener votre peuple d’homos sapiens vers la prospérité. À cette époque avoir un pauvre camp avec deux huttes et une palissade était considéré comme déjà rudement bien. Vous visez carrément mieux : régner sur quatre camps !
Soyons clairs, si à 20 ans t’as pas ton T-Rex, t’es un primate.
Avec cette deuxième édition de La Vallée des Mammouths, le jeu culte de Bruno Faidutti avait refait surface avec quelques ajustements bienvenus : davantage de cartes Événement et Astuce, ainsi que quatre plans de jeu au lieu de deux. Pas de révolution, mais un élargissement du chaos préhistorique qui fait la saveur du jeu.
Sorti initialement en 1991 chez Ludodélire, le jeu avait marqué son époque avec son approche résolument décalée et chaotique, très loin des standards modernes de la gestion et de la stratégie. Les illustrations de Bernard Bittler, Gérard Mathieu et Copik Buntz participaient à son ambiance burlesque et brutale, entre éclats de rire et désespoir primitif.
Un jeu d’une autre époque
Aujourd’hui, La Vallée des Mammouths peut surprendre, voire désarçonner, les amateurs de jeux de gestion et d’optimisation. Ici, pas de moteur de ressources finement réglé ni de planification millimétrée : la loi de la jungle règne en maître. Entre les catastrophes naturelles qui annihilent des tribus entières, les mammouths qui surgissent aléatoirement et les attaques de tribus rivales, il est pratiquement impossible de bâtir une stratégie sur le long terme.
Un joueur peut être éliminé dès les premières minutes et n’aura alors plus qu’à observer (ou quitter la table) pendant que les autres continuent la partie. Une mécanique impitoyable qui peut frustrer les amateurs de jeux à élimination progressive, mais qui reste fidèle au ton du jeu : cruel, sauvage et imprévisible.
Chaos et coups bas : une fête préhistorique
Là où La Vallée des Mammouths brille, c’est dans l’expérience qu’il procure. Si vous recherchez un jeu compétitif où seul le meilleur stratège l’emporte, passez votre chemin. Ici, l’important n’est pas de gagner, mais de survivre (ou de mourir dans un éclat de rire). L’interaction entre joueurs est omniprésente et souvent agressive : alliances temporaires, trahisons absurdes et coups d’éclat dictés par les cartes Astuce rendent chaque partie unique.
Le jeu assume pleinement son caractère punitif et imprévisible, à tel point qu’il est presque impossible d’y jouer sérieusement. Le fun prend le pas sur l’optimisation, et la seule vraie question à se poser est : acceptez-vous de jouer un jeu qui se moque de vous autant que de vos adversaires ?
Un ovni toujours aussi culte
En définitive, La Vallée des Mammouths est un jeu clivant : soit on adore, soit on déteste. Son humour, son chaos et ses retournements de situation en font une expérience mémorable pour ceux qui aiment les jeux débridés, où la tension et l’inattendu règnent en maîtres. À l’inverse, ceux qui cherchent un jeu équilibré et stratégique risquent d’être frustrés par son anarchie totale.
Pour les amateurs de jeux modernes à la mécanique léchée, La Vallée des Mammouths est un fossile d’un autre temps. Mais pour ceux qui apprécient les jeux où le fun prime sur le contrôle, cette version enrichie reste un monument du chaos ludique, toujours aussi hilarant et implacable.
Une extension de La Vallée des Mammouths est sortie en 2007. On y retrouve de nouvelles cartes Événement et Astuce, augmentant encore la variété et l’imprévisibilité du jeu, de nouvelles règles, visant à introduire un peu plus de contrôle et de profondeur stratégique et de nouveaux éléments de gameplay.
