Salem, célèbre ville de la littérature fantastique, n’inspire souvent que malaise, étrangeté et sorcellerie. Enfin, pour ceux qui connaissent un temps soit peu l’univers du torturé Lovecraft. Et ce n’est guère dans le jeu du même nom, traduit et distribué en France par Iello, que l’on va contredire cette sinistre, mais néanmoins plaisante, réputation.
Disons que si un malheur devait s’abattre sur Terre ça serait forcément sur la petite bourgade de Salem. Et c’est ce qui se passe car c’est bien sur cette dernière que plane l’ombre du plus fameux des Grands Anciens de la mythologie Lovecraftienne : Cthulhu.
« Salem, l’ombre de Cthulhu » est un jeu de plateau signé de la patte de Michael Rieneck et illustré de fort belle manière par Franz Vohwinkel.
Après avoir surmonté la peur occasionnée par la vue de l’encapuchonné sur la boîte, on notera que le matériel à l’intérieur est succinct mais plutôt de bonne facture.
Les pions personnages dont le PNJ (personnage non joueur) sont en bois et les autres pions ne sont qu’en (bon) carton. La qualité des cartes est au rendez-vous. Impression correcte et illustrations plutôt réussies.
À contrario le plateau est vraiment beau ! : Beaux dessins, jolies bâtisses et petites scènes de la «vie mouvementée” dans les rues d’Arkham ; le tout sur un carton bien épais. Un bien bon plateau donc.
L’ombre des grands anciens
Pour ceux qui ne connaissent pas (encore) l’excellent « Horreur à Arkham » (HàA), le jeu ne sera pas trop compliqué à comprendre. Pour les autres, les « velus du jeux difficiles» , ça sera « sans les mains et sans les pieds » tellement cela va vous paraître simple (et non simplet).
Salem, comme son comparse suscité, est lui aussi un jeu coopératif. Ainsi, vous ne lutterez pas contre les autres joueurs autour de la table (en général c’est une table) pour une gloire quelconque.
Le but du jeu est d’empêcher un puissant nécrophile nécromant d’arriver jusqu’à la faille temporelle (et donc d’invoquer le grand méchant). S’il y parvient (ça peut aller très vite !) vous serez condamnés (vous et vos potes) à errer à travers les cieux, l’espace et le temps, jusqu’au royaume d’Hadès (à vérifier pour cette remarque).
Vous gagnerez ensemble et vous perdrez de la même façon. Il est donc de bon ton de bien s’entendre autour de l’aire de jeu ou du moins d’anticiper quelques actions afin de mettre le plus de chance de son côté.
Une aide précieuse
Heureusement, vous serez aidé dans cette quête qui s’annonce ardue, par un puissant sorcier : Robert Craven, nostalgique des soirées d’Eddy Barclay. Car tout de blanc vêtu (aucun lien).
Ce personnage, s’il partage le même lieu que vous sur le plateau et que des monstres vous y côtoient aussi, vous protégera par le non lancer de dé de perte. De plus, son aide vous sera précieuse en vous octroyant certains bonus autres liés aux objets en votre possessions.
En effet, lorsqu’un joueur arrive sur un lieu où il y a monstre, il lance le dé de perte (il n’y qu’un seul dé dans la boîte avec des dessins dessus) et y applique les effets si il le peut et de ce fait s’exécuter. S’il n’y a pas de monstre, nul besoin de lancer le dé.
Le système de déplacement, vite fait, s’effectue au moyen de cartes avec un lieu inscrit dessus. On ne récupère ses cartes jouées que si le joueur concerné retourne à l’Université. Ce qui vous oblige à réfléchir un peu à vos déplacements car vous ne pourrez pas y revenir de suite…
Sceller le portail
Ben, après quelques parties à deux et plusieurs à trois, j’ai été conquis par la fluidité du jeu.
Pas trop compliqué, rapide à prendre en main, Salem, jouera sur votre capacité d’anticipation et sur la coordination que vous aurez avec les autres joueurs pour trouver les portails, les fermer, révéler les ombres des Grands Anciens et combattre celui qui est présent. Tout cela avant que l’autre Nécromant n’arrive dans son trou.
Challenge ardu que plusieurs parties vous aideront à appréhender. Salem est donc un bon jeu et est parfaitement jouable, par sa mécanique simple, avec un enfant de +/- 10 ans. Après, pour ce qui est du thème, c’est une histoire de goût (comme chez Quick).
Salem est hélas trop facilement comparé à Horreur à Arkham (chez Edge). Mais leurs seuls points communs c’est le thème et l’aspect coopératif. Disons que c’est une approche différente et plus light que le gros HàA, et qu’il est sans OGM, sans sucres ajoutés. Il possède néanmoins tout de même quelques subtilités qui lui sont propres.